Quels laits pour nos bébés ? (2ème Partie)

2/ Les laits animaux : vache, chèvre, brebis, jument, ânesse, buflonne, chamelle…

Évidemment la vache est en tête dans nos pays, tandis que d’autres laits de mammifères sont utilisés partout dans le monde, chèvre, brebis, jument, ânesse, et en Orient ce peut être la chamelle.

N’oublions jamais que ces laits sont d’abord naturellement destinés au petit de la vache le veau, le chevreau de la chèvre, l’agneau de la brebis, le poulain de la jument, l’âne de l’ânesse, le petit chamelon de la chamelle.

Si on les destine à l’humain, évidemment ils doivent être conditionnés, stérilisés, conservés pour être proposés dans les meilleures conditions pour la santé de l’enfant comme de l’adulte auquel ils sont très largement proposés abusivement. Ils ne doivent pas contenir les facteurs de croissance naturellement présents pour la construction du corps animal. Or la conservation industrielle pour des raisons d’économie, dite UHT c’est à dire à Ultra Haute Température, 130 à 140°C, ne détruit pas ou très peu les facteurs de croissance. Ainsi l’humain les consomme, le plus souvent sans le savoir.

 

Tableau comparatif des laits animaux avec le lait maternel

(ISPED, Université Bordeaux 2)

Le lait de vache et les autres laits animaux

Le lait de vache est le plus utilisé car produit en très grande quantité, à bas coût et largement distribué et promu dans les publicités par les lobbies industriels[1]

Sans s’attarder aux conséquences d’une agriculture devenue productiviste en grande majorité, et aux impératifs sanitaires, de collecte, stockage, distribution et conditionnement entre autres, dont l’impact est majeur sur la qualité des produits terminaux, nous observons que le lait de vache est un lait de très gros et grand mammifère. Il est normalement destiné au veau (+350kg en un an) dont les besoins sont totalement opposés à ceux d’un nourrisson humain, avec des facteurs de croissance (EpidermalGrowth Factor, TransformingGrowth Factor, InsulinGrowth Factor) très actifs sur la taille, la masse, les métabolismes de l’organisme animal_.

Ses composants sont donc très différents des composants utiles au bébé, qui n’a ni les mêmes besoins nutritionnels ni la même croissance ou évolution pondérale ou osseuse…

 

Du point de vue de la composition nutritionnelle, mieux vaut consommer des laits de chèvre ou de brebis (élevées en liberté), en particulier pour leurs acides gras et leur teneur plus équilibrée en minéraux et en calcium, et surtout parce que les facteurs de croissance qu’ils contiennent sont ceux de petits animaux. l’idéal est qu’ils soient pasteurisés et ils sont rares sur le marché ; on les trouve en poudre bio, en magasins Bio. Le lait de brebis, très dense en nutriments et moins riche en eau, doit être dilué. En cas de terrain allergique familial, il faut cependant être prudent, car les protéines des laits animaux sont ”cousines”.

Certains producteurs proposent le lait de jument, réputé depuis l’Antiquité pour ses vertus revitalisantes, utilisé aussi comme remplacement du lait maternel chez le nourrisson, en Asie et dans plusieurs pays d’Europe. Ce lait a une composition d’autant plus intéressante (vitamine C, zinc, acides gras essentiels ou poly-insaturés, non synthétisés par notre organisme…) que les pacages sont sélectionnés (meilleurs en montagne). Cependant il est le plus riche en lactose animal, et c’est encore un gros animal (facteurs de croissance).

Comparatif laits animaux

(Guide Pratique de gastronomie Familiale, Ch Bouguet-Joyeux, voir ci-dessus note 1)

° Avantages

Ces laits viennent de mammifères, et contiennent tous les nutriments nécessaires à leurs petits qui viennent de naître et ne sont pas encore autonomes au niveau nutritionnel.

° Inconvénients

Cependant cela ne les rend pas adaptés aux nourrissons des autres espèces de mammifères, les besoins de chacun étant différents. Ils contiennent des composants qui nous le savons sont souvent allergisants, comme les protéines (responsables des APLV, Allergies aux Protéines du Lait de Vache), le lactose ; d’autre part les acides gras sont différents, trop de saturés (les graisses saturées des laits de chèvres et de brebis ont des molécules plus petites que ceux du lait de la vache, et plus digestes), d’oméga 6, pas assez de polyinsaturés (omega 3) ; les proportions non plus ne sont pas les mêmes, par exemple : 4 fois trop de calcium dans le lait de vache, 3 fois plus de protéines, que dans le lait maternel, …

Les symptômes de l’intolérance au lactose : (troubles pathologiques suite à l’ingestion de lactose) crampes, gaz, diarrhées qui augmentent avec l’âge, par manque de l’enzyme, la lactase, pour digérer le lactose.

– Des Protéines allergisantes :

Le lait contient plus de trente protéines, toutes potentiellement allergisantes. Les caséines et la β-lactoglobuline surtout. C’est pourquoi l’on parle d’APLV, allergie aux protéines du lait de vache, au pluriel. La caséine provoque des allergies durables, voire définitives ; les différents types de caséines ne sont pas détruites par la chaleur, certaines résistent à l’acidité de l’estomac ou à la fermentation… ces grosses molécules sont difficiles à digérer et entraînent troubles digestifs, et allergies croisées.

L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV)

Cette allergie apparaît très tôt dès le début du changement de lait (le lait de vache est le premier aliment étranger introduit chez le nourrisson). Parfois elle peut même s’exprimer sous allaitement lorsque la mère consomme laits et dérivés du lait de vache, la réaction disparaît alors si la mère exclut cette gamme d’aliments de son alimentation. C’est très typique des relations entre ce que consomme la mère et la qualité de son lait.

Actuellement, toutes les réactions adverses au lait de vache sont appelées allergie au lait de vache IgE-dépendante (Ig = Immunoglobuline), ou non IgE-dépendante (non immunologiques, les plus fréquentes). Au niveau biologique elles sont IgE-dépendantes, ou plus souvent non IgE-dépendante ce qui signifie que les taux des immunoglobulines E, qui traduisent un phénomène allergique, peuvent ou non s’élever.

Les symptômes sont : digestifs (50 à 60%), cutanés (eczéma 10 à 39%) ou respiratoires (20 à 30%). Le choc anaphylactique (9% des APLV) intervient d’entrée lors de l’affection, ou, plus fréquemment, lors des essais de réintroduction[2]_.

Les manifestations des formes immunologiques fortes (avec augmentation des IgE dans le sang) sont de type urticaire, angio-œdème qui peut toucher certaines parties du corps du nourrisson : visage, lèvres, langue, voile du palais, larynx et cordes vocales (dans les formes graves).

Les symptômes de rhinite (associés ou non à une conjonctivite) et le bronchospasmefont partie du tableau de l’allergie au lait de vache IgE-dépendante. L’eczéma et les symptômes digestifs sont habituels dans les APLV non immunologiques : par exemple chez un nourrisson un eczéma sévère et récidivant malgré l’usage de dermo-corticoïdes. Les signes digestifs sont : nausées, douleurs abdominales, vomissements, diarrhée, sang dans les selles. Ces signes sont souvent accompagnés d’irritabilité, troubles du sommeil, à une mauvaise croissance staturo-pondérale, à une constipation chronique.

Les allergies du nourrisson

Les allergies aux protéines du lait de vache (APLV, atteignent au moins 8 % de la population infantile eczémateuse de moins de 1 an : notons que la cuisson du lait n’améliore pas la tolérance.

Comment vérifier une APLV : il existe un patch-test plus intéressant que le test de provocation orale (TPO). Si l’on reprend l’alimentation au lait de vache au-delà de 2 ans, ce qui est déconseillé, la tolérance peut s’améliorer, mais elle n’est souvent que partielle et non pas totale comme on le pensait autrefois ; en effet, chez l’enfant plus grand, on observe une fréquence plus élevée de maladies digestives que chez les enfants n’ayant jamais eu d’APLV_. Chez l’enfant, on observe otites, rhinites, asthme, rougeurs et irritations, eczéma, gastro-entérites à répétition. Les médecins ORL et pédiatres commencent à le savoir et recommandent l’éviction des produits laitiers de vache.

L’allergie aux laits de chèvre ou de brebis existe aussi : souvent présente en même temps que l’APLV (on parle alors d’allergie croisée), et associée à d’autres allergies (polyallergies), cette allergie répond à de faibles quantités, parfois non identifiées dans des aliments composés ou du fait de l’utilisation de containers ayant servi à différents aliments. Les symptômes seraient plus sévères, il faut donc éviter ces laits chez un enfant allergique ou de parents allergiques[3]_.

Les allergies parentales

Les bébés de parents intolérants ou allergiques ayant plus de risques de l’être eux-mêmes, il faut donc leur éviter tous les produits laitiers, et plutôt leur permettre un allaitement long pour mieux développer leur système immunitaire et leur écosystème intestinal.

De même sont déconseillés les laits et produits dérivés de vache aux nourrissons de moins de quatre mois qui ont des antécédents familiaux de diabète sucré, en tant que facteur environnemental prédisposant au diabète de type 1, du fait de leurs facteurs de croissance insuliniques IGF[4].

Il reste essentiel donc de privilégier partout dans le monde l’allaitement maternel , le plus naturel, le plus écologique, le plus adapté à la première année de vie du nourrisson.

Non seulement il est essentiel à la santé de l’enfant, mais en plus il est un des facteurs (pas le seul) de protection des glandes mammaires de la mère. Faire croire qu’il abime le sein et même qu’il détériore l’esthétique mammaire est un argument marketing simplement destiné à promouvoir les laits artificiels qui nous le verrons sont loin d’être utiles tant à l’enfant qu’à sa mère, mais orientésbien entendu vers les profits du lobby industriel !

Bien cordialement,

Christine Bouguet-Joyeux – Nutritionniste

 

Sources

[1]780 litres de lait de vache sont produits en France chaque seconde, soit une collecte de 24,6 millions de tonnes annuellement (2014). En Europe, la filière laitière française se situe au deuxième rang derrière l’Allemagne. Les Français consacrent 14 % de leurs dépenses alimentaires aux produits laitiers, ce qui largement excessif et explique un très grand nombre de maladies avec réduction des défenses immunitaires.

[2]http://www.allergienet.com/traitement-reaction-anaphylactique-allergie-alimentaire/

[3]http://www.allergienet.com/allergie-lait-chevre-brebis/

[4]M. Knip, HK. Akerblom,« Environmentalfactors in the pathogenesis of type I diabetesmellitus », Exp Clin EndocrinolDiabetes.


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